L’ancien monument gothique byzantin a servi de résidence prestigieuse à la famille noble des Tron, dont les membres ont occupé diverses positions politiques importantes dans la république pendant toute son histoire.
Surplombant le pont du Rialto avec une vue spectaculaire et directe sur le Canal Grande, le vénérable Palazzo Tron a San Beneto se situe à San Marco, le noyau administratif de la République historique de Venise. L’ancien monument gothique byzantin a servi de résidence prestigieuse à la branche la plus remarquable de San Beneto appartenant à la famille noble des Tron, dont les membres ont occupé diverses positions politiques importantes dans la république pendant toute son histoire, parmi lesquels figure Nicolò Tron, qui régna comme 68ème Dogue de Venise de 1471 à 1473 et qui commissionna très probablement la reconstruction et le développement du Palazzo’s du 8ème siècle, en y ajoutant deux étages supplémentaires.
Lors de l’acquisition du Palazzos piano nobile, de l’étage représentatif et de l’appartement principal par la famille noble des Franchetti en 2018, le EUROPEAN HERITAGE PROJECT était parfaitement conscient du caractère culturel et historique de ce monument, et avait par ailleurs affirmé sa vocation passée comme un lieu d’inspiration et de partage social. Avec la captivante photographie de la diva du cinéma italien Sophia Loren prenant la pose avec vue sur le Canal Grande pendant son séjour au Palazzo lors du Festival du Film de Venise en 1955, le monument raconte de nombreuses histoires fascinantes.
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Le EUROPEAN HERITAGE PROJECT est fier de faire revivre la splendeur et l’esprit d’origine de Palazzo Tron en lançant des mesures de restructuration générale, principalement sur les aspects techniques, sanitaires et électroniques, et notamment la reconstruction complète de la façade.
L’église et le palais reflètent encore aujourd’hui les deux épées qui dominaient les croyances de l’ancien monde.

SITUATION AU MOMENT L’ACHAT
Après des générations aux mains de la famille vénitienne noble des Franchetti, la propriété fut vendue par le baron Albert Franchetti après son divorce puisque que ses enfants refusaient de reprendre le palais. Animé par l’envie de laisser la propriété familiale entre de bonnes mains, il se décida finalement à vendre le Palazzo Tron a San Beneto au EUROPEAN HERITAGE PROJECT en 2018.
DOMAINE: DES CHIFFRES ET DES DONNÉES
Donnant sur le pont du Rialto et avec un accès direct au Grand Canal, le Palazzo Tron a San Beneto se trouve au centre de Venise sur l’île San Marco. Le palais s’étend sur quatre étages et fut érigé au 13ème siècle puis transformé et agrandi au 15ème, 16ème et 19ème siècle. En comptant l’étage noble représentatif, il dispose de 1455 mètres carrés de surface habitable et utile. Le bâtiment de style gothique vénitien-byzantin se trouve non loin du musée Palazzo Fortuny, de l’opéra La Fenice et du Théâtre Carlo Goldoni.
HISTOIRE
Du 13ème au 14ème siècle : essor économique et influences orientales
Sur la base de l’architecture du Palazzo a San Beneto, de ses fondations, de son rez-de-chaussée et de son premier étage, on peut en déduire que le palais fut construit au plus tard au 13ème siècle. Dans les murs du rez-de-chaussée désormais très affaissé, on trouve quelquefois quelques briques qui remontent à l’empire romain tardif et furent souvent utilisées dans l’architecture vénitienne entre le 9ème et le 13ème siècle. Des échantillons prélevés dans la façade il y a quelques années ont montré qu’avec le Palazzo, on avait là un des bâtiments les plus anciens du Grand Canal.
Le style gothique apparut à Venise lors d’une période de grande prospérité économique alors que les classes supérieures se lançaient dans la construction de nouvelles églises et d’opulentes maisons de maîtres qu’elles finançaient elles-mêmes. Avec la recrudescence des constructions de palais, le style gothique vénitien devint un style propre. Les créateurs de ce nouveau style influencé par le palais des Doges, combinèrent des éléments gothiques, gothiques byzantins et orientaux et créèrent ainsi une approche nouvelle et unique de la culture locale.
Les architectes du 14ème siècle préféraient utiliser des dessins dimensionnés, semblables à ceux du symbole du gothique vénitien, le palais des Doges. La citerne en forme de puits installée en 1319 et se trouvant encore aujourd’hui dans la cour intérieure du palais et portant les armoiries de la famille Tron prouve que le bâtiment était déjà propriété de cette famille à cette époque.
Après les invasions mongoles qui se soldèrent par la Pax Mongolica, les marchands vénitiens et ceux d’autres villes rivales partirent vers la Perse et l’Asie centrale entre 1240 et 1360. On fonda quelques colonies vénitiennes peuplées de marchands à Alexandrie et Constantinople. Les relations entre Venise et l’empire byzantin étaient encore plus étroites et compliquées que celles avec les territoires à dominance musulmane. S’ensuivirent de nombreuses guerres mais également de nombreux contrats économiques et culturels.
Au cours de cette période, l’économie vénitienne était étroitement liée au commerce mais aussi au monde arabe et à l’empire byzantin, ce qui se ressentit également dans le style architectural de la Venise gothique, un style qui associe comme nulle part ailleurs dans le monde les influences mauresques et byzantines. Ce patchwork stylistiquement inhabituel se retrouve encore aujourd’hui et en particulier sur la façade du Palazzo Tron a San Beneto.
15ème siècle : de la montée en puissance des Tron a San Beneto
Depuis le tout début, les Tron occupèrent de hautes fonctions au sein de la république vénitienne et étaient entre autres procureurs, sénateurs et ambassadeurs.
La famille prit de plus en plus d’importance dans le commerce maritime et en tant que souverains locaux en Crète et à Korfu.
Les origines de la famille restent mystérieuses. Au 18ème siècle, des généalogistes pensaient qu’ils venaient à l’origine d’Ancone. On les soupçonne également d’avoir construit à Venise au 11ème siècle l’église di San Boldo aujourd‘hui détruite. De plus en 1159, on inscrivit un certain Marco « Truno » à San Stae. Le fait est qu’on considérait les Tron comme des case nuove, des nobles non apostoliques de Venise.
Avec leur installation non loin de la paroisse de San Beneto, qui donne aujourd’hui son nom au palais, naquit la branche Tron a San Beneto. Avec la transformation du palais menée par Niccolò Tron (1399-1473), le 68ème doge de Venise et le plus célèbre membre de la famille s’ensuivit une grande transformation architecturale ajoutant deux étages à cette demeure seigneuriale.
Niccolò Tron était le fils de Luca Tron et avait au moins trois frères. Il était marié à Aliodea Morosini (†1478) que l’on surnommait couramment « Dea Moro », la déesse noire. Les chroniqueurs du palais des Doges la décrivaient comme la femme la plus belle du siècle. En raison du culte de la beauté qui prédominait à l’époque à Venise, la légende dit que sa beauté avait joué un grand rôle dans l’élection de son mari au poste de Doge. Fille de Silvestro Morosini, elle descendait d’une famille plus ancienne et plus puissante que celle de son époux Niccolò. Son couronnement en tant que Dogaressa fut alors décrit comme le plus splendide de l’histoire vénitienne. Très modeste, elle se retira après la mort de son époux dans un couvent et refusa les obsèques nationales qui revenaient aux personnes de son rang.
Dea et Niccolò Tron eurent deux fils, Filippo et Giovanni. Giovanni connut un destin tragique et fut écartelé lors de sa captivité turque en 1471.
Niccolò Tron fit très rapidement fortune dans le commerce. Il occupa diverses fonctions au service de Venise. Ainsi fut-il Consigliere aux affaires maritimes et ambassadeur au service du pape Pie II (1405-1464). En 1466, il fut élevé au poste de procureur de San Marco. Tron sut s’imposer lors des élections des Doges de 1471 face à son adversaire et futur successeur Pietro Mocenigo (1405-1476) ainsi que contre le 71ème Doge de Venise Andrea Vendramin (1393-1478). Pendant son dogat, la domination de Venise sur Chypre fut renforcée et les querelles avec les Turcs furent réduites grâce à une alliance avec le dirigeant iranien Ulsan Hassan Beg (1423-1478). De par son habileté politique, il sut assurer à la république une période de paix. Cependant les dettes de la ville s’accumulèrent également sensiblement sous la régence de Tron, entre autres du fait du développement de l’arsenal qui, depuis le 12ème siècle, servait à la république de chantier naval, d’arsenal et de base pour la flotte.
Tron réforma également le système monétaire vénitien. Il créa une nouvelle pièce, le Tron qui représentait la tête d’un Doge de profil côté pile, un peu à la façon des pièces antiques et se heurtait donc aux pratiques vénitiennes qui rejetaient toute corrélation entre culte de la personne et république. À sa mort, on retira la pièce de la circulation. Le tombeau de Niccolò Tron fut érigé par son fils Filippo dans le chœur de la basilique Santa Maria Gloriosa dei Frari dans le quartier de San Polo. On confia la conception et la direction du chantier au sculpteur et architecte Antonio Rizzo (1430-1499). D’après son épigraphe, ce monument fut financé grâce aux butins de Tron provenant des guerres contre les Turcs.
Du 17ème au 18ème siècle : entre promotion des beaux-arts, fin de la lignée des Tron et scandales de Caterina Dolfin
Au 17ème siècle, les Tron occupaient encore d’importants postes au sein de la république vénitienne. Ils se consacraient cependant de plus en plus à la promotion de la culture. Ainsi les frères Francesco et Ettore Tron, descendant également de la branche des San Beneto fondèrent-ils en 1637 le Teatro San Cassiano, le premier théâtre public au monde non plus seulement réservé à l’élite noble. Ceci permit aux citoyens ordinaires, s’ils pouvaient se permettre d’acquitter les droits d’entrée, de profiter pour la première fois de l’opéra tandis que les nobles se tournaient vers la Commedia dell’arte plus populaire.
Au début du 17ème siècle, le diplomate, politicien et agronome Nicolò Tron (1685–1771), comme son ancêtre, prit possession de l’héritage et légua le palais à son fils aîné Andrea Tron (1712-1785). Andrea fut procureur de San Marco, ambassadeur à Vienne, Paris et Rome et un des principaux candidats aux élections des Doges de 1779. Il perdit cependant les élections en raison des nombreux scandales autour de son épouse Caterina Dolfin (1736-1793).
Tristement célèbre pour ses opinions, ses agissements et son passé, Caterina peut être considérée, historiquement parlant, comme la plus connue si ce n’est la plus influente des deux époux.
La famille Dolfin appartenait depuis des siècles à une des plus grandes familles patriciennes vénitiennes ainsi qu’aux douze familles dites « apostoliques » de Venise puisque descendante de la branche des Gradenigo.
Caterina était la fille du gentilhomme Antonio Giovanni Dolfin et de Donata Salamon elle-même descendante d’une des plus anciennes familles nobles vénitiennes. Le père de Caterina avait perdu de son vivant la fortune familiale et laissa femme et fille lourdement endettées à sa mort.
En 1755, lors d’un mariage arrangé, la jeune Caterina prit pour époux Marcantonio Tiepolo, membre d’une autre influente famille noble qui possédait les moyens financiers de sortir les Dolfin de leurs dettes. On spécula beaucoup autour du mariage entre Caterina et Marcantonio dans la société vénitienne. On dit qu’en 1756 Caterina se lança dans une relation amoureuse avec Andrea Tron quelques mois après son mariage. Peu de temps après le début de cette relation, Caterina demanda le divorce ce qui fut l’objet d’un grand scandale. Après des années de querelles, le divorce fut prononcé en 1772, à la suite de quoi Caterina épousa Andrea Tron qui en profita pour faire son entrée dans les plus hauts cercles de la société vénitienne ce qui lui valut finalement son prestigieux poste de procureur de San Marco.
En 1757 Caterina fit ses débuts d’écrivaine sous un pseudonyme. Son œuvre la plus célèbre fut un recueil de sonnets que son père lui inspira et qui fut publié entre 1767 et 1768. Elle était au centre d’un cercle d’intellectuels et tenait un salon littéraire très en vogue. En 1772, elle fut assignée à comparaitre par l’inquisition vénitienne car certains des ouvrages de sa bibliothèque suivaient la pensée des Lumières.
Caterina Dolfin n’utilisa cependant pas que sa poésie, son art de la conversation ou même sa pertinence intellectuelle pour choquer la société vénitienne. On lui reprochait même de nombreuses aventures. Un de ses amants les plus connus était sans doute le jeune duc San Gabrio Gian Galeazzo Serbelloni (1744-1802). D’après leurs lettres, qui existent encore aujourd’hui, leur aventure aurait débuté en 1773.
En 1778 Andrea Tron, le mari de Caterina fut élu sénateur. Il perdit cependant les élections au dogat en 1779 bien qu’il fût un des deux principaux candidats. C’est en partie dû aux précédents scandales autour de Caterina, mais aussi à « l’affaire Gratarolo », du nom du ministère des Affaires Étrangères Antonio Gratarolo.
En 1775, une pièce de théâtre, sans doute mandatée par Caterina, révéla les intrigues politiques et relations privées de Gratarolo. L’année même où Andrea Tron déclara sa candidature au poste de Doge, Grataloro choisit de se venger de l’humiliation en caricaturant Caterina Dolfin et son milieu social, en dévoilant ses aventures amoureuses et salissant publiquement son nom et sa réputation. La pièce anéantit ainsi toute chance d’Andrea Tron d’accéder au poste de Doge bien qu’il s’avéra plus tard que le vainqueur des élections était marié à une bourgeoise et ancienne funambule qui convenait encore moins au titre de Dogaressa.
En 1785, Caterina Dolfin devint veuve. Elle hérita d’une considérable fortune, mais se fâcha avec ses beaux-parents. En 1788, elle quitta définitivement le Palazzo pour se retirer dans sa résidence secondaire de Padoue. À la fin de sa vie elle travailla à un projet de réforme de l’éducation des femmes qui ne vit cependant jamais le jour.
Fin du 18ème siècle et 19ème siècle : une période de nombreux changements de propriétaires
Alors qu’à la fin du 18ème siècle, Chiara Tron n’avait pas eu d’enfants, la lignée des Tron a San Beneto s’éteignit et la propriété revint à la famille de Patriciens Donà Dalle Rose. Mais s’ensuivirent des disputes d’héritage tandis que la branche de la famille Tron a San Stae réclamait la propriété du palais. Mais Donà Dalle Rose put s’imposer au tribunal contre les Tron a San Stae.
Par la suite on vendit le palais à la famille de marchands Vivante, à l’exception du deuxième étage. La famille avait toujours été aisée, cependant à la chute de la république de Venise en 1787, la ville connut une grave crise économique. Seule une branche de la famille des Vivante, les deux frères Lazzaro, Mandolin, appelé Menachem et Sabbato réussirent à surmonter la longue crise financière. Une des raisons en était la stratégie familiale quant aux mariages qui les fit s’associer à une autre famille importante juive de haut niveau socio-économique, les Treves de Bonfili. C’est ainsi que les deux frères épousèrent deux des filles du baron Giuseppe Treves de Bonfili (1794-1866). Les deux familles étaient dans le commerce maritime et les assurances. À la mort de son frère, Sabbato poursuivit les affaires et fonda en 1832 le siège vénitien de l’assurance Generali de Venise, autrefois connue sous le nom d’Assicurazioni Generali Austro-Italiche. En 1848, un an après sa mort, il vendit ses parts à la compagnie d’assurances Spiridione Papadopoli (1799-1859).
Entretemps, la banque centrale italienne, la Banca d’Italia, racheta le palais, dans le but d’établir son siège à Venise, mais on revendit la propriété à la fin du 19ème siècle à la famille Rocca de Padoue. La famille Rocca fit largement restaurer le palais pour la première fois depuis plusieurs siècles. En outre, on construisit à cette époque le Corte Tron, une cour intérieure du palais fermée sur elle-même ainsi qu’un ascenseur.
De la fin du 19ème siècle à nos jours: Des expéditions, des hôtes de marque et des canards dans la maison Franchetti :
La lignée des Vivante s’éteignit au 19ème siècle et c’est ainsi que revint le palais Tron a San Beneto à la famille Franchetti. Les Franchetti étaient une famille juive établie depuis de nombreuses générations à Venise qui comptait parmi les familles les plus riches du bassin méditerranéen depuis le 18ème siècle. À la suite de la politique de parité du 19ème siècle, on donna aux familles leur titre de noblesse. Par le mariage du baron Raimondo Franchetti avec Louise Sarah Rothschild (1834-1924), de la famille viennoise des Rotschild, le prestige de la famille s’en vit également rehaussé. De cette union naquit le compositeur Alberto Franchetti (1860-1942). Son fils Raimondo Franchetti (1889-1935) resta gravé dans les mémoires. Jusqu’à sa mort lors d’un accident d’avion dans le désert égyptien, ses études sur l’ethnologie et la nature rendirent Raimondo Franchetti célèbre. Il devint particulièrement populaire de par le fait que ses expéditions en Amérique du Nord, Malaisie, à Annam (centre du Viêt Nam actuel), en Uganda, Éthiopie et au Soudan furent filmées et photographiées. De même il documenta la révolution chinoise de 1911 ; depuis la chute de l’empereur chinois à la république de Chine.
En 1920, il épousa la comtesse Bianca Moceniga Rocca (1901-1958) à la famille de laquelle le palais Tron a San Beneto appartenait à cette époque. De par ce mariage, l’ancienne propriété du baron Franchetti revenait aux mains de cette famille.
En témoignage de son amour pour les pays et cultures lointaines, Raimondo et Bianca Franchetti donnèrent à leurs cinq enfants les prénoms aux consonances exotiques de Lauretana, Simba, Lorian, Afdera et Nanuk. À la mort de Raimondo Franchetti, ses enfants firent du palais un lieu social animé. C’est ainsi que séjournèrent de nombreuses grandes vedettes du cinéma européen et américain telles que Sophia Loren (*1934), lors de sa visite au festival du film de Venise en 1955. Une photo de la diva italienne prise au balcon du palais dans une de ses poses les plus impressionnantes est désormais passée à la postérité. De même, l’auteur américain Ernest Hemingway (1899-1961) y était souvent invité dans les années 1940 et devint également un bon ami de l’ancien propriétaire du palais, le baron Nanuck Franchetti.
C’est ainsi qu’une tradition annuelle s’instaura entre Franchetti et Hemingway. Après chaque été passé à Venise ils partaient à la chasse aux canard chaque automne à Cortina d’Ampezzo. Franchetti inspira même le personnage littéraire du baron Alvarito dans le roman d’Hemingway « Au-delà du fleuve et sous les arbres » publié en 1950.
En particulier Afdera Franchetti (*1931) fréquenta très jeune la haute noblesse britannique et la jet-set européenne. Son premier mariage avec Howard Taylor (1929–2017), le grand frère de la star américaine Elizabeth Taylor (1932-2011) lui ouvrit les portes des plus grands de la société hollywoodienne. C’est ainsi qu’elle fit la connaissance d’Audrey Hepburn (1929-1993) dans les années 1950. Hepburn lui présenta à son tour son ainé de 26 ans, Henry Fonda (1905-1982), encore de nos jours un des plus grands acteurs de l’histoire. Afdera épousa Fonda en 1957, mais ils divorcèrent rapidement en 1961 car la comtesse trouvait la différence d‘âge trop grande.
INFORMATIONS PRÉCIEUSES ET CURIEUSES
L’église di San Beneto
L‘église di San Benedetto, plus connue sous le nom de « San Beneto » a donné son nom à la lignée San Beneto des Tron et se trouve toute proche du palais qui doit lui aussi son nom à l’église. Le monument existe depuis 1013 et fut rattaché à ses débuts au cloître de Bénédictins San Michele di Brondolo près de Chioggia. En 1435, le bâtiment fut promu au rang d’institution religieuse par l’évêque Castello. Au départ de taille modeste et de style roman, l’église faisait face à l’ouest et consistait de trois nefs surmontées d’un toit en bois.
Durant les travaux de transformation du 17ème siècle on tourna l’église pour faire face au nord et lui donner une seule nef.
L’apparence baroque actuelle remonte à la reconstruction entreprise en 1619, laquelle fut mandatée par le patriarche de Venise, Giovanni Tiepolo (1570-1631) puisque le bâtiment, selon la documentation, était à cette époque très endommagé et menaçait de s’effondrer. L’inauguration de l’église en l’honneur de Saint Benoît eut lieu en 1695.
On trouve à l’intérieur de l’église des œuvres d’art créés d’artistes baroques italiens connus comme le florentin Sebastiano Mazzoni (1611-1678), le génois Bernardo Strozzi (1518-1644) et le vénitien Giovanni Battista Tiepolo (1696-1779).
La façade est divisée en trois pilastres reposant sur de simples socles ornés de chapiteaux. Sur ceux-ci repose une corniche supportant une charpente sur laquelle est posée une frise portant l’épigraphe « D. BENEDICTO ». Juste en dessous se trouve une fenêtre dioclétienne. Deux autres petites fenêtres cintrées sont disposées à mi-hauteur de la façade et flanquent un portail agrémenté d’un tympan triangulaire porté par une portière.
Autrefois se trouvait à l’ouest un clocher de style romantique plus grand que le bâtiment lui aussi bien intégré dans la façade et qui pouvait être admiré depuis la cour du palais Tron et depuis le toit conique de la tour.
Le clocher de taille modeste construit au 17ème siècle se trouve désormais au nord-ouest et est surmonté d’un toit en forme de bulbe.
Entretemps, San Beneto fut dégradée du rang de paroisse autonome à celui de vicariat de l’église de San Luca et ne propose à présent plus de messes.
Comte libertin Giuseppe Giacomo Albrizzi et « Hébé » de Canova
En 1792 un certain Giuseppe Emanuele (†1841) se sépara de sa famille juive pensant agir de droit en entrepreneur autonome. Déjà très jeune, il passait pour être anticonformiste. Selon de nombreuses indications, tout porte à penser que Giuseppe Emanuele faisait l‘objet de son vivant d’une enquête menée par des enquêteurs de la république. Il vivait dans le ghetto juif de Venise avec un fonctionnaire chrétien et y conservait dans sa bibliothèque des livres de Voltaire (1694-1778), Rousseau (1712-1778) sans compter ceux du poète libertin et si ce n’est même révolutionnaire hostile et ancien sénateur de Venise Giorgio Baffo (1694-1768), autant d’œuvres autrefois jugées « dangereuses ».
Deux ans après la « dissolution de la fraternité », c’est à dire de son appartenance à la famille, il se convertit au catholicisme. Il fut par la suite anobli et se fit appeler Conte Giuseppe Giacomo Albrizzi. Grâce à sa fortune considérable il put acheter le deuxième étage du palais Tron a San Beneto. Bien que les Juifs de Venise jouissent de bien plus de libertés depuis des siècles déjà, en particulier du point de vue économique, que dans d’autres états ou principautés d’Europe, mais aussi d’une certaine protection contre l’inquisition vénitienne, il ne leur était cependant pas possible d’acquérir des biens immobiliers en dehors du ghetto de Sestiere Cannaregio. Ceci changea avec l’abolition du ghetto par Napoléon Bonaparte (1769-1821).
Avec la conquête de Venise par les troupes napoléoniennes, ce furent toutes les lois discriminantes contre les Juifs qui furent abolies, les portes du ghettos brûlées en 1797 et l’obligation de résider à l’intérieur du ghetto abrogée. Mais ce ne fut qu’avec la parité de 1848 qu’ils reçurent tous les mêmes droits, et pour les convertis, tels Giuseppe Giacomo Albrizzi ceci se déroula en 1797.
Le propriétaire du palais possédait quelques œuvres du célèbre sculpteur classique Antonio Canova (1757-1822) exposées dans un des salons de l’étage noble donnant sur le Grand Canal. Sa collection impressionna de nombreux admirateurs, parmi lesquels un hôte de marque, l’empereur François Joseph II d’Autriche (1768-1835) ou bien Louis Ier de Bavière (1786-1868). En 1830 et pour des raisons financières, il dut se séparer de la plus belle pièce de sa collection, l’Hébé de Canova que beaucoup semblaient envier, et la vendit au Roi de Prusse, François-Guillaume IV (1795-1861).
Dans une de ses œuvres les plus célèbres « Voyage à Syracuse », le poète allemand Johann Gottfried Seume (1763-1810) écrivit en 1802 à propos d’Hébé, en raison de cette statue presque légendaire et de sa parfaite beauté d’autrefois représentant la déesse de la jeunesse :
Je me tenais là, ivre de délices enchanteurs,
Vénérant la déesse,
Comme plongé dans un océan de félicité.
Gracieuse, elle baissait ses yeux vers moi.
Mon cœur s’embrasait :
Celle qui trônait là-haut, l’emportait sur Amathusie.
Je m’étais évadé de ma nature mortelle,
Et mes yeux pleins d’ardeur
Buvaient le nectar et l’ambroisie
Qui, en ce lieu divin, s’épanchaient de son regard.
Que m’arriva-t-il ? Je l’ignorais.
Que Zeus vienne brandir ses foudres !
Intrépide, je saisirais la coupe
Dans laquelle elle prodigue la divinité.
Chancelant, plein de morgue,
Je défierais même l’Alcidée,
Pour lui ravir au combat celle qui fut sa récompense.
ARCHITECTURE
Contre les fausses idées préconçues comme quoi les bâtiments de Venise reposeraient sur des fondations branlantes, celles du Palazzo Tron a San Beneto confirment ce dont au moins la population vénitienne est persuadée : les fondations sont très solides et plus le bâtiment est ancien plus les constructions sur pilotis en chêne et orme, en briques et en pierre d’Istrie sont solidement ancrées dans le sol alluvial sableux et boueux.
Provenant des territoires croates de la région du même nom, les pierres d‘Istrie sont de loin les matériaux de construction les plus utilisés à Venise depuis le 13ème siècle. D’une part, elles sont la source de ces façades typiquement blanches et caractéristiques, comme on peut les voir sur le Palazzo Tron a San Beneto. D’autre part, il s’agit là d’une pierre calcaire blanche ressemblant énormément au marbre, tout en étant bien plus dense, poreuse, flexible, insensible à l’acidité et dont la densité de compression atteint les 1350 Kg/cm2 ce qui la rend extrêmement robuste.
Ceci a cependant pour conséquence un affaissement dans le sol de la lagune qui provoque également un affaissement des constructions au fil des siècles, ce que l’on peut observer à la hauteur de plafond du premier étage du Palazzo Tron a San Beneto. En effet, alors que la hauteur de plafond dans les étages supérieurs atteint 2,90 m, elle s’est affaissée au rez-de-chaussée et n’atteint plus que 2,10 m. Utilisés de nos jours surtout en hangar à bateaux, on trouvait autrefois au rez-de-chaussée des entrepôts et magasins. Ces locaux s’appelaient alors androne. Les pièces à vivre se trouvaient quant à elle aux étages supérieurs. De plus, le rez-de-chaussée dispose de peu de séparation en pièces, un état de fait qui était déjà présent à la construction du bâtiment car les crues récurrentes, en italien aqua alta, limitaient les usages que l’on pouvait en faire et des cloisons auraient augmenté le risque de stagnation des eaux.
En somme, le Palazzo Tron a San Beneto qui fut érigé au 13ème siècle et transformé pour la première fois au 15ème siècle par Niccolò, est l’archétype du style architectural gothique vénitien-byzantin. Le troisième étage fut ajouté au 16ème siècle et agencé à l’époque selon les principes de Sebastiano Serlios (1475-1554), un des théoriciens de l’architecture les plus importants et un des architectes les plus en avance sur son temps. C’est principalement la raison pour laquelle il est plus sobre que les étages inférieurs. C’est particulièrement
frappant quand on regarde les serliennes, ou fenêtres palladiennes qui rappellent le motif d’un arc de triomphe. Il s’agit ici d’un portail arrondi en arc flanqué d’ouvertures carrées plus étroites et plus basses. Avec ses trois parties il fait penser à un triptyque, lui-même entouré de deux fenêtres en accolades à droite et à gauche.
Les plafonds plats, ainsi que le toit romain aplati supporté de poutres cachées sont autant d’éléments typiquement vénitiens. On les préférait aux plafonds à voûtes très appréciés ailleurs car ils résistaient mieux aux vibrations des fondations oscillantes et minimisaient ainsi grandement les risques de fissures dans les plafonds et dans les murs.
De plus ce bâtiment classé est remarquable de par son orientation typique pour un palais vénitien mais fondamentalement différent dans sa construction de celle des palais d’autres villes italiennes. Ainsi la défense ou la construction de remparts n’ont jamais été à l’ordre du jour dans l’architecture vénitienne, c’est pourquoi la propriété des Tron a San Beneto dispose d’un accès direct à la rue et au Grand Canal. De même le puits construit en 1319 qui se trouve dans la cour intérieure de la propriété, était accessible à tous au Moyen-Âge lorsque le palais n’était pas encore entouré de murs d’enceinte. Aujourd’hui le puits montre de grandes marques d’usure qui laissent à penser qu’autrefois, on y puisait sans doute des centaines de litres d’eau chaque jour. Cependant, celui-ci ne donne que l’impression d’être un puits, il s‘agit en fait bien plus d’une citerne cachée qui, coupée de tout contact avec l’eau salée du sol, est alimentée par l’eau de pluie provenant du toit et de la cour par un petit ruisseau passant par un filtre à sable.
Aujourd’hui, la propriété est protégée par un mur érigé au 19ème siècle par la famille Rocca, et accessible par la rue par le biais d’un portail à l’arrière. Deux armoiries sur le mur longeant la rue prouvent encore l’appartenance de la propriété aux familles Tron et Rocca.
Le centre-ville autour de San Marco ayant toujours été très peuplé, ceci poussa les Vénitiens à construire en hauteur puisque les terrains étaient rares et chers et l’on cherchait à utiliser au maximum la place disponible. La lumière ne provenait souvent que de la façade, c’est pourquoi les palais disposaient en règle générale de plus larges fenêtres que dans les palais d’autres villes. Le portail, ou bien portico, donnant sur le canal permet aux bateaux et gondoles d’y embarquer et débarquer aisément. Une transformation importante effectuée au 15ème siècle a concerné la modification des proportions de la salle centrale de l’étage noble. Cette salle, appelée portego, devint un long passage. Le centre de l’étage noble est disposé en T, avec le portego du côté de la cour intérieure et s’ouvrant en trois grands salons du côté du canal qui se prêtaient parfaitement aux réceptions mondaines et festives.
Les fenêtres en accolades du palais marquent le début de l’évolution de l’arc gothique vénitien qui représente, et de loin, la principale caractéristique de l’architecture vénitienne. Les arcs arrondis rappellent une carène de bateau à l’envers dont les bords s’écartent quelquefois. Des évolutions de style peuvent être observées sur la façade des étages qui furent construits à différentes époques. Au rez-de-chaussée, la partie la plus ancienne du bâtiment, on ne trouve que des portails arrondis de style gothique classique, les colonnes porteuses manquant ici totalement.
Cependant les arcs en accolades n’ont cependant pas qu’un but décoratif. Tandis qu’en Europe du nord, le remplage n’était utilisé que pour les vitraux des églises, le remplage vénitien avait également pour but de consolider la statique et portait une partie du poids des murs extérieurs. C’est pourquoi le poids que le remplage supporte a un effet sur l’impression de légèreté du bâtiment tout entier. Cet aspect et le fait qu’on peut éviter d’utiliser des murs porteurs donnent au palais de style gothique
vénitien de la légèreté et de la grâce dans sa structure. Le style gothique vénitien, comme on peut le voir ici, était certes bien plus complexe dans son arrangement que les types de constructions populaires auparavant à Venise, mais ne permettait cependant jamais de poids supplémentaire ou de « surproportionner ». En outre, il faut construire aussi léger, haut et peu encombrant que possible car chaque centimètre de terre est précieux du fait des canaux qui serpentent la ville.
L’architecture mauresque se reflète largement dans les fenêtres vénitiennes très richement ornées et dans les créneaux purement décoratifs à la base des toitures. On remarque une autre influence, l’influence byzantine et romaine. On les reconnait dans les colonnes colorées faites de différentes pierres installées sur les murs extérieurs du premier et du deuxième étage de la façade. Il est intéressant de noter que chaque colonne se distingue de par sa forme, sa décoration et sa couleur.
Ceci vient du fait que de nombreux marchands et marins vénitiens ramenaient des colonnes d’Orient ou de Méditerranée qu’ils utilisaient pour stabiliser leurs bateaux chargés et dont ils n’avaient ensuite plus l’utilité. Un parfait exemple de ses façades de colonnes se trouve sur la place Saint-Marc donnant sur le côté ouest de la basilique Saint-Marc et qui fut elle aussi construite au 13ème siècle.
ÉTAT STRUCTUREL AU MOMENT DE L’ACQUISITION
Au moment de l’acquisition par le EUROPEAN HERITAGE PROJECT en 2018, la façade du palais nécessitait une remise en état. De même le système électrique et l’approvisionnement en eau devaient être rénovés. Certaines pièces d’artisanat avaient cependant la priorité dès le début comme des stucs aux plafonds et aux murs, ainsi que les sols décorés de complexe granito ou bien encore les plafonds à caisson parfois décorés de peinture. Un problème particulier représentait un trou dans le plafond de l’étage noble qui risquait de faire s’effondrer le plafond tout entier sans oublier les parties vétustes du rez-de-chaussée gravement affaissé.
MESURES DE RESTAURATION
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Depuis l’acquisition du Palazzo Tron a San Beneto en 2018 le EUROPEAN HERITAGE PROJECT travaille d’arrache-pied à la restauration du palais vénitien. Pour l’instant, le projet se trouve en cours de réalisation. Au cours des travaux, c’est surtout la diversité dans les styles provenant de différentes époques du gothique vénitien qui représentait aussi bien un défi qu’un enrichissement. En particulier, la construction sur pilotis et l’utilisation de matériaux typiques de la région, les techniques et l’adaptation au climat de la lagune ont permis au EUROPEAN HERITAGE PROJECT de se pencher sur de tous nouveaux aspects de la conservation du patrimoine.
Statique
En règle générale la statique, le toit et le système de poutres du palais sont solides. Il existe cependant des faiblesses qui peuvent être éliminées pendant cette première phase de travaux.
Quelques murs en bois enduits mais non porteurs ont pu être déshabillés, redressés et enduits de nouveau. Quelques poutres de bois déshabillées mais fortement tordues du rez-de-chaussée ont été redressées statiquement et pour l’instant solidifiées à l’aide de tiges d’acier.
Un trou dans le plafond dans un des salons de l’étage noble dévoila un spectacle bien malheureux. Le plafond en question doit à présent être reconstruit car il menace de s’écrouler entièrement. En ce moment, le trou est consolidé par des poutres d’acier afin d’éviter des dommages pires encore. D’après ce que l’on sait, le plafond a cédé sous un trop grand poids car on fit couler dans les années 1980 du béton supplémentaire à l’étage supérieur, ce qui représente un poids énorme pour lequel le plancher du bâtiment classé n’était pas conçu.
Toiture et charpente
Au moment de l’acquisition par le EUROPEAN HERITAGE PROJECT, la construction du toit du palais était impeccable. La toiture devait être cependant entièrement rénovée. On choisit ici de démonter entièrement les tuiles fonctionnelles, de les nettoyer pour les remonter et ainsi reconstruire comme à l’origine.
Système électrique, conduites d’eau et sanitaires
Dans tous les appartements et pour la première fois depuis les années 1970, on refit entièrement les lignes électriques, les installations sanitaires et les conduites d’eau afin de permettre d’y habiter en toute sécurité et de les mettre aux standards en vigueur en ce qui concerne durabilité et efficacité énergétique.
Reconstruction
Sols
Les sols recouverts de granito ou terrazzo dans toutes les pièces à vivre remontant au 18ème siècle ont pu être conservés. Les éléments abîmés ont dû être restaurés et les pièces manquantes remplacées. La plupart des sols en granit reconstitué anthracite et très robuste des petites pièces et couloirs ont pu être facilement restaurés et les parties assombries réparées. Les sols dans les grands salons de l’étage noble représentaient cependant un défi particulier car il s’agissait là de granito d’un seul tenant. Dans ce cas, même les parties fortement abîmées et friables ont dû être entièrement restaurées à grands frais car une reconstruction ne pouvait être envisagée à ce stade. Pour ce terrazzo alla veneziana‘ et ses motifs complexes de marbre, roche calcaire, dolomite et de mélange de béton argileux dans les tons changeants de beige, ocre et jade, il fallait absolument conserver sa beauté d’origine.
Portes, fenêtres, accès à l’eau
Les fenêtres à barreaux de fonte et les portes du rez-de-chaussée richement décorées sont fortement sujettes à la rouille du fait des intempéries. On pourra éliminer une partie de la rouille par ponçage, brossage et nettoyage à haute pression. Certaines parties sont cependant si corrodées, la fonte si poreuse et fragilisée qu’il faudra en remplacer entièrement certaines. Pour des reconstructions complexes, on fera appel à un forgeron expérimenté qui connait les méthodes du 18ème siècle.
Dans les étages supérieurs, les fenêtres et galeries donnant sur la cour intérieure seront restaurées dans les moindres détails. Les encadrements de fenêtres en bois provenant de diverses époques, les volets, les vitrages et vitraux ont pu être entièrement conservés, mais pour des questions d’isolation, ont été renforcés par un double vitrage.
Toutes les portes, ainsi que les portes à double battant en bois de broussin situées dans l’étage noble ont été démontées, poncées et polies. De nouveaux gonds ont été montés. Puis elles ont été remises en place et ajustées.
De plus, le ponton à présent disparu qui donnait autrefois sur le Grand Canal mais devint vétuste au cours des dernières décennies et qui fut retiré par le propriétaire précédent car il risquait de s’effondrer, ce même ponton sera par la suite reconstruit afin d’offrir un accès sécurisé à l’eau et de faciliter le transport vers le palais.
Maçonnerie et façade
La première mesure de restauration fut de nettoyer la façade du palais entièrement faite de pierre d’Istrie. À l’état naturel, cette roche calcaire est blanche et robuste. Puis il fallut la débarrasser de ses salissures, de stabiliser certains éléments décoratifs et également porteurs comme les colonnes, les fenêtres cintrées, les balcons et les ornements par exemple.
La maçonnerie présente des signes de salinisation et minéralisation comme partout ailleurs à Venise. Un des avantages est que le sel dans l’air promet un climat intérieur sec. C’est pourquoi on ne trouve aucune trace d’humidité ou de moisissures dans tout le palais.
En revanche, la salinisation nécessite aussi un remplacement régulier de certaines briques. C’est en particulier au rez-de-chaussée que la corrosion des briques par le sel est la plus apparente. Tandis que les briques orange qui furent installées durant les derniers cent ou deux cents ans sont en partie très poreuses, les briques ocres installées du temps de l’empire romain et remontant donc à plus de mille ans, résistent mieux aux intempéries.
En outre, on remit à l’état d’origine l’accès au canal au rez-de-chaussée car le grand entrepôt d’origine avait été par la suite parcellisé.
Restauration (œuvre d‘art & et d’artisanat, stucs, fresques etc.)
Les dommages subis par les stucs au plafond, les décorations sur les cloisons intérieures et les peintures murales ternies de l’étage noble remontant au 19ème siècle ont été remises en état et restaurées par un restaurateur vénitien expérimenté. Pour conserver au maximum l’aspect historique, on procéda à des analyses de peinture et de pigments. Les analyses révélèrent que les couleurs actuelles diffèrent des nuances d’origine. Ainsi certains ornements étaient à l’origine vert pâle puis repeints bleu cristallin par la suite. La couleur de base des peintures murales était elle aussi différente. Ainsi on se rendit compte que les tons crème avaient été remplacés par des tons taupe. Bien sûr on choisit de reconstruire le décor tel qu’il avait été pensé au 19ème siècle.
De même on procéda à la restauration des peintures ornementales qui sont attribuées au gothique byzantin du fait de leur palette de couleurs et se trouvent sur les poutres au plafond et les caissons du rez-de-chaussée ainsi que dans les escaliers.
UTILISATION ACTUELLE ET PROJETS FUTURS
Afin de contribuer activement à conserver Venise comme ville où il fait bon vivre, le Palazzo Tron a San Beneto doit rester un bâtiment d’habitation pour trois locataires. De même il doit absolument rester un lieu d’inspiration et d’échange social. C’est pourquoi il sera utilisé à l’avenir pour des événements culturels comme des expositions dans le cadre de la Biennale de Venise, une exposition qui a lieu tous les deux ans.
En outre, le EUROPEAN HERITAGE PROJECT a pour but de contribuer financièrement et organisationnellement à la revitalisation et à la restauration de l‘église Chiesa di San Beneto construite au 11ème siècle. Autrefois église de la famille Tron, le bâtiment sacré n’est pas simplement voisin du palais mais représente également son éponyme et saint patron. Cet engagement sera un acte bénévole et charitable qui permettra d’insuffler de la vie dans le quartier.

Videobeiträge:
2018 erwirbt das European Heritage Project zwei Palazzi am Canal Grande in Venedig. Mit einem privaten Konzert des Münchner Knabenchors und des Opernsängers Kevin Connors feiern circa 80 geladene Gäste den Abschluss der Sanierungsarbeiten.
