Construit dans le style ancien de Cape Dutch, l’architecture traditionnelle des Afrikaners, il évoque les débuts de la colonisation néerlandaise en Afrique du Sud.
L’ancien domaine viticole de Vergenoegd Wine Estate est situé à la périphérie de Cape Town, dans la province du Western Cape en Afrique du Sud, sur la route des vins à Stellenbosch, en bordure du fleuve Eerste. Le domaine offre un panorama exceptionnel sur la chaîne de montagnes Helderberg à l’est, ainsi qu’une magnifique vue sur la montagne La Table au nord-ouest. Le site a été subdivisé plusieurs fois au cours de l’histoire depuis sa cession à son premier propriétaire, Pieter de Vos, en 1696. Le noyau historique du domaine est basé sur un Werf, un monticule d’habitations artificielles, et se compose de divers bâtiments de ferme et de logements d’origine pour les ouvriers.
Construit dans le style ancien de Cape Dutch, l’architecture traditionnelle des Afrikaners, il évoque les débuts de la colonisation néerlandaise en Afrique du Sud. Toutes les structures du bâtiment et de la ferme ont été conservées dans leur état d’origine, sans aucune modification depuis la création de Vergenoegd, ce qui fait de lui le dernier authentique vignoble Boer de l’Afrique du Sud. Par conséquent, il a été considéré comme l’un des monuments les mieux classés du pays méritant d’être préservés.
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En tant que véritable témoin de la culture et de l’architecture européennes qui ont laissé leur empreinte dans le monde entier au fil des siècles, le EUROPEAN HERITAGE PROJECT l’a classé parmi les sites de référence inscrits parmi les monuments de la fondation.
À Vergenoegd, le EUROPEAN HERITAGE PROJECT appréhende ses mesures de conservation non seulement dans une perspective historico-architecturale, mais également sur le plan environnemental.
Environ 1 500 canards coureurs – la plus grande population au monde avec plus de 1 500 oiseaux – agissent comme vignerons naturels, mangent les escargots et les insectes, défilent quotidiennement sur le chemin des vignes et attirent ainsi des dizaines de milliers de visiteurs tous les ans.
Il s’agit de l’un des projets de démonstration les plus prestigieux en Afrique du Sud dans le domaine de la renaturation des zones humides et sa contribution a même été récompensée par le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Les vins sont cultivés, travaillés et mis en bouteille au Domaine et sont classés parmi les meilleurs vins que l’Afrique du Sud puisse offrir.
SITUATION AU MOMENT L’ACHAT
Lorsque le EUROPEAN HERITAGE PROJECT a racheté à la famille Faure le vignoble Vergenoegd Wine Estate en 2015 (propriétaires depuis 1820), l’histoire impressionnante du domaine remontant à 1696 l’a immédiatement fasciné.
Le fait que la propriété était restée aux mains d’une seule et même famille pendant si longtemps avait eu pour conséquence que la ferme et ses bâtiments étaient restés dans un état particulièrement authentique et en raison du manque de moyens, également généralement intact.
Décrétées « Provincial Heritage Site » avec une signification particulière pour le patrimoine sud-africain, les terres mêmes furent cultivées avec passion et talent depuis plus de trois siècles. Les familles qui prirent soin de Vergenoegd au fil du temps ajoutèrent chacune leur touche personnelle et unique à l’architecture incroyable du domaine. De plus, les années 1800 marquèrent pour le domaine une période pendant laquelle il entama une transition entre une ferme d’élevage isolée vers un domaine viticole.
L’exploitation qui associait une quantité invraisemblable d’aspects historiques et l’esthétique charmante du 18ème siècle donna au EUROPEAN HERITAGE PROJECT l’incroyable chance d’aider à conserver un large tronçon de l’histoire architecturale du Cap sous une forme authentique mais aussi de perpétuer et redonner un coup de neuf à l’héritage des Faure dans les domaines de la viticulture et de l’œnologie, héritage et expérience vieux de plus de 250 ans dans le secteur viticole de qualité.
Cependant, bien que connue pour son excellente production de vins de par le passé, la dernière génération de Faure s’embourba dans ses techniques vieilles et rigides de production de vin transformant la ferme autrefois prospère en un producteur de grandes quantités à faibles marges. Face à cette situation financière critique, la ferme cessa au fil du temps d’investir dans ses bâtiments et ses équipements de production. Les plus vieilles écuries et granges encore intactes de tout le Cap Occidental étaient sur le point de s’effondrer et il était grand temps d’entreprendre des mesures conservatoires pour assurer la survie de ces trésors historiques et trouver une solution solide pour faire face à cette situation de détresse financière et structurelle.
DOMAINE: DES CHIFFRES ET DES DONNÉES
Les origines de la ferme Vergenoegd remontent au tout début de la phase d’attribution de terres entreprise par la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales à la fin du 17ème siècle. Les terres, tout d’abord attribuées à Peter de Vos en 1699 se trouvent sur l’extrémité des terres viticoles de Stellenbosch, à l’endroit même où les terres arables font place aux immensités de dunes de sable stérile qui forment la plaine du Cap.
La ferme occupe environ 161 hectares de terres jouxtant la rivière Eerste. La topographie du site est relativement plate avec un dénivelé d’environ cinq mètres depuis la délimitation à l’ouest vers les berges de la rivière Eerste. Vergenoegd jouit d’une jolie vue vers le mont Helderberg à l’est ainsi qu’un panorama limité vers les Montagnes de la Table au nord-ouest.
Le site consiste en une cour de ferme et des terres agricoles, pour la plupart couvertes de vignobles. Une grande part de la ferme est classée « site patrimonial provincial » (Provincial Heritage Site) puisque la cour de ferme historique fut déclarée monument national en 1974. Cet espace comprend la ferme, les deux granges, un cottage, l’ancien quartier des esclaves ainsi que les murs d’enceinte de la butte et des postes de garde.
Le vignoble de Vergenoegd est composé de deux granges du 18ème siècle ainsi que d’un entrepôt qui a été ajouté dans les années 1980. Des restes du « kraal », le mur d’enceinte sont toujours visibles depuis le « werf ». Les bâtiments de l’exploitation viticole ne font pas partie de l’inventaire classé patrimoine historique, mais ces bâtiments font eux partie de cet important paysage patrimonial.
Avant l’acquisition de Vergenoegd, la ferme fut initialement divisée pendant plusieurs décennies pour différents usages tels que la construction de l’autoroute N2, les studios de cinéma du Cap et des lotissements résidentiels.
En outre, le domaine fait partie du corridor de la rivière Eerste et comprend des marécages. Il abrite une faune ornithologique, créant ainsi un lieu unique d’importance environnementale et patrimoniale.
HISTOIRE
Premiers peuplements et Colonie Néerlandaise du Cap
La ferme Vergenoegd, qui signifie « satisfait » en néerlandais a d’abord été attribuée à Pieter de Vos en 1669 puisqu’il faisait partie de la Colonie du Cap et était membre de la congrégation de l’église réformée néerlandaise de Stellenbosch. La Colonie du Cap, ou Kaapkolonie en néerlandais, doit son nom au Cap de Bonne Espérance, ou Kaap de Goede Hoop. La colonie néerlandaise fut établie en 1652 par la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales. Le Cap était régi par les Pays-Bas entre 1652 et 1795 puis de 1803 à 1806. Une expédition de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales menée par Jan van Riebeeck (1619-1677) mit en place un poste de courrier et de ravitaillement naval au Cap de Bonne Espérance en 1652. L’objectif de Van Riebeeck était de trouver un port de refuge pour les navires néerlandais voyageant entre l’Europe et l’Asie. En trente ans, le Cap abritait déjà une large communauté de « vrijlieden » et « vrijburgers », ou citoyens libres des débuts de la Colonie du Cap, d’anciens employés de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales qui s’étaient installés dans les colonies d’outre-mer néerlandaises après la fin de leurs contrats. Les « vrijburgers » étaient dans la plupart des cas des citoyens néerlandais mariés qui avaient choisi de passer au moins vingt ans à cultiver la terre à l’intérieur des frontières de la toute jeune colonie ; en échange de quoi ils étaient exemptés d’imposition et recevaient outillage et graines pour labourer leurs terres. Illustrant bien le caractère multinational des jeunes sociétés commerciales, les Néerlandais donnaient également le statut de « vrijburger » à de nombreux anciens employés scandinaves et allemands. En 1688, ils encouragèrent l’immigration de près de deux cents réfugiés huguenots français qui avaient fui vers les Pays-Bas en raison de la Révocation de l’Édit de Nantes de 1685. On assista à une certaine assimilation culturelle due à des mariages interculturels ainsi qu’à l’adoption quasi universelle de la langue et des coutumes néerlandaises.
Beaucoup de colons qui s’étaient installés juste à la frontière devinrent de plus en plus indépendants et loyaux. Plus connus sous le nom de Boers, ils migrèrent rapidement vers l’ouest sur plus de mille kilomètres au-delà des frontières initiales de la Colonie du Cap. Quelques Boers adoptèrent même un style de vie sans toutefois avoir d’habitation permanente et furent appelés « trekboers », ou éleveurs nomades. La période coloniale néerlandaise fut entachée d’un certain nombre de conflits acharnés entre colonialistes et Khoïsan indigènes, suivis du peuple Xhosa, qu’ils considéraient concurrents pour les terres agricoles d’excellente qualité.
Les commerçants néerlandais amenèrent des milliers d’esclaves au Cap de Bonne Espérance depuis les Indes Orientales Néerlandaises et d’autres parties de l’Afrique. D’ici la fin du 18ème siècle, la population du Cap s’accrut jusqu’à atteindre environ 26.000 habitants d’origine européenne et environ 30.000 esclaves.
D’un avant-poste à une cour de ferme
Pieter de Vos était le propriétaire de Vergenoegd pendant tout juste un an lorsque la propriété fut transférée à Ferdinant Appel (1655-1717). Il est fort probable que la ferme se trouvait sur des terres en friche durant cette première année. Peut-être était-elle un peu plus qu’un poste de ravitaillement. En 1700, Appel put officiellement faire l’acquisition de Vergenoegd où l’on retrouve des traces de sa famille pendant plus de quarante ans. Il est évident que l’on doit l’essor de la ferme à la famille Appel. À sa mort en 1717, Ferdinant légua la ferme à sa veuve qui se remaria plusieurs fois avant de léguer la ferme à Johannes Colijn (1710-1767), que l’on retrouve dans des documents sous le nom de Johannes Oberholzer en 1740. Colijn était un immigrant Suisse et époux de la veuve Appel.
À la mort de Ferdinant en 1717, l’inventaire de sa propriété s’avèra être une ferme déjà relativement grande. Il possédait 165 têtes de bétails, 796 moutons, 18 cochons, 13 chevaux, 10 esclaves hommes et femmes. De nombreuses charrettes, charrues et de l’équipement agricole étaient également en sa possession. Son inventaire comprenait aussi de nombreux articles ménagers, des fûts de vins etc. Bien que l’inventaire n’indique pas les détails du plan d’implantation de la propriété, on peut supposer qu’en 1717, Vergenoegd était une ferme déjà bien développée avec une maison résidentielle, une baraque à esclaves et une ou plusieurs granges. Il y avait probablement un vaste système de murs d’enceinte pour garder environ un millier de bêtes dans la ferme.
La veuve Appel se remaria à plusieurs reprises, conservant la ferme jusqu’à son transfert aux Lochner en 1782. Ce sont les Lochner qui hébergèrent le ministre néerlandais Jan Brandes (1743-1808) lorsqu’il séjourna dans la propriété quatre ans plus tard. Pendant son séjour, ce dernier peigna de charmantes aquarelles de la maison, de la communauté et des paysages, ainsi que de magnifiques œuvres d’art représentant des scènes familiales que l’on retrouve sur les murs de la « gallerij ».
On laissa parfois entendre que la maison à pignon d’aujourd’hui aurait été construite pendant la présence des Colijn. Cependant les archives officielles laissent à penser que Vergenoegd était déjà une entreprise en activité et bien développée lorsqu’elle fut léguée à la veuve en 1717. Il ne fait guère de doute que la maison résidentielle, les granges, les baraques à esclaves et les murs d’enceinte étaient présents sur la propriété très tôt.
Après que Lochner transféra la ferme en 1789, elle fut en possession de plusieurs propriétaires pendant de courtes durées avant d’arriver aux mains de la famille Faure en 1820.
Lancement de la production viticole dans la Colonie du Cap
Il est notoire que Jan van Riebeeck s’installa au Cap en 1652 afin d’offrir aux bateaux un endroit pour accoster et se réapprovisionner en eau et produits frais pour éviter aux marins d’attraper le scorbut. De même, le vin était aussi reconnu pour ses effets contre cette maladie. C’est ainsi qu’on planta les premières vignes peu de temps après en 1654. C’est en 1659 qu’on produit le premier vin. À cette même époque, un groupe d’explorateurs furent envoyés pour traverser les déserts de sable et faire du commerce avec les Khoïkhoïs. Ils les trouvèrent sur les bords de la rivières Eerste où se dressait alors Vergenoegd et la ferme voisine « Meerlust ».
Simon van der Stel (1639-1712), le dernier commandant et premier gouverneur de la Colonie du Cap arriva à la colonie en 1679. Il fit également le voyage jusqu’à la rivière pour la remonter dans le but d’estimer le potentiel agricole de la région. Il octroya plus tard aux fermiers autant de terres qu’ils pouvaient cultiver. Peu de temps après, Ferdinant Appel commença à planter des vignes et produire du vin.
Simon van der Stel semblait posséder de solides connaissances dans la production du vin. Il fut le premier producteur de vin sud-africain qui comprit le terme « mûr à point » et fonda un comité pour conseiller les autres fermiers sur la meilleure date pour les vendanges.
Pendant cette période, la vie dans la Colonie du Cap connaissait des hauts et des bas. Le premier réel essor dans la production du vin eut lieu vers 1760, soit près d’un siècle après l’arrivée de Van Riebeeck au Cap. Les fermiers étaient riches et c’est à cette époque qu’ils entreprirent de grands aménagements de leurs maisons. Ils construisirent de nouvelles maisons, agrandirent celles déjà existantes et commencèrent à installer d’imposants pignons.
La qualité des vins du Cap était médiocre et ce n’est que durant le règne de Sir George Yonge que l’on tenta d’améliorer leur qualité. En 1800, il engagea Richard Blake et Arend de Waal en tant que dégustateurs de vin, puis William Caldwell. Ils avaient le pouvoir de stopper et d’inspecter tout vin arrivant au Cap et de le rejeter s’ils le considéraient défectueux.
Pendant cette période, les Faure avaient déjà assis leur renommée en tant que producteurs de vin dans plusieurs domaines de la région avant de recevoir le domaine de Vergenoegd en 1820.
De la persécution religieuse en France à l’essor des citoyens libres de la Colonie du Cap : la famille Faure
L’aïeul de la branche sud-africaine de la famille, qui était d’ailleurs également dispersée de par le monde, était Antoine Faure (1685-1736). Antoine et sa femme fondèrent une famille dont ils pouvaient être fiers et qui comprenaient de nombreux membres du Clergé très éduqués, des professeurs universitaires, des chercheurs, des avocats, des comptables, des scientifiques et de nombreuses personnes très honorables.
Antoine naquit dans la ville d’Orange en Provence, l’année même de la Révocation de l’Édit de Nantes et de l’introduction de l’Édit de Fontainebleau.
S’ensuivit alors la suppression de l’Église Réformée en France qui força les protestants à s’exiler ou à se cacher, causant ainsi de grands bouleversements en France. Les parents d’Antoine, Pierre Faure (1636-1703) et Justine Point (1653-1700) s’enfuirent alors à Borculo aux Pays-Bas avec leur famille, y compris leur fils Antoine alors âgé d’un an à peine en 1686. Antoine grandit et fut scolarisé aux Pays-Bas.
La famille retourna brièvement à Orange lorsque la paix fut restaurée en 1698 grâce au traité de Ryswick. Mais en tant que Huguenots, ils furent contraints à fuir à nouveau au début du 18ème siècle. La mère, Justine, était décédée et le père, Pierre, partit en Suisse pour vivre avec sa fille. À 18 ans, Antoine Faure fuit pour Bergen op Zoom aux Pays-Bas en passant par la Suisse et la Prusse. Solitaire et sans le sou, Antoine commença à travailler en tant qu’apprenti pour un chirurgien.
En 1713, il fut engagé pour cinq ans en tant que soldat par la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales. Il quitta les Pays-Bas sur le navire Kockinge, et arriva au Cap de Bonne Espérance le 24 mars 1714. À son arrivée, Antoine fut assigné en tant que secrétaire à la Chambre des Orphelins où l’on conservait les dernières volontés et testaments et où les questions d’héritage et de propriété pour les personnes incapables de s’en occuper seules étaient administrées. En 1716, il épousa Racher de Villiers (1694-1773) au Cap. Ils habitèrent tout d’abord dans la maison du père de Rachel, un cultivateur de raisin prospère de Franschhoek. Tout juste un an plus tard, Antoine et Rachel eurent leur premier enfant, Abraham. En 1718, Antoine reçut enfin la libre citoyenneté. Lorsqu’Antoine devint professeur, lecteur et précepteur pour l’Église Réformée Néerlandaise de Stellenbosch, lui et sa jeune famille déménagèrent pour Stellenbosch. Antoine garda son poste jusqu’à sa mort en 1736, et son fils le reprit alors. Antoine et Rachel eurent sept enfants.
Les Faure à Vergenoegd
La ferme de Vergenoegd le long de la rivière Eerste fut enfin acquise en janvier 1820 par Jacobus Christiaan Faure (1769-1834), un des sept fils d’Abraham. Un grand nombre des enfants de Jacobus Christiaan et de sa femme Aletta moururent à un jeune âge, mais beaucoup survécurent et s’engagèrent dans d’illustres carrières.
Le second fils, Johannes Gybertus (1796-1869), hérita plus tard de Vergenoegd. La ferme faisait à l’origine 59 morgens mais sa taille fut agrandie par les Faure pour atteindre jusqu’à 1000 morgens au fil du temps. Johannes Gybertus possédait la ferme jusqu’à ce qu’il la vende à son frère Jacobus Christiaan deuxième du nom (1798-1876) en 1847.
On ignore ce que Johannes Gybertus faisait de sa vie après la vente de Vergenoegd. Son père, Jacobus Christiaan, possédait une autre ferme du nom de Rustenburg à Firgrove, située entre Somerset West et Stellenbosch, entre 1854 et 1868. Il est probable qu’il ait racheté la ferme pour que Johannes Gysbertus l’exploite.
Jacobus Christiaan deuxième du nom vécut à Stellenbosch avant de racheter Vergenoegd à son frère. Il épousa Elisabeth Brink qui lui donna deux enfants avant de mourir très jeune. En 1836, à 36 ans, il épousa en deuxième noce Elisabeth Myburgh qui venait de l’exploitation de raisins voisine « Meerlust ». Ensemble ils eurent six enfants. Tout comme le reste de la famille, Jacobus Christiaan était très pieux. Il était membre de l’Église Réformée Néerlandaise de Stellenbosch et devint doyen de l’église plus tard dans sa vie. Il est noté qu’il transporta par train une nouvelle chair pour l’église de Stellenbosch depuis Le Cap en 1853. Il est probable qu’il héritât de la « ferme Stellenbosch » et la fît tourner jusqu’en 1847, année durant laquelle il la transmit à son deuxième fils, Johannes Albertus en 1872 alors qu’il avait 74 ans et sans doute animé par l’envie de prendre sa retraite.
Jeune homme, Johannes Albertus travaillait à la ferme Vergenoegd dont il hérita plus tard, ainsi qu’à la ferme « Rustenburg », la seconde ayant été vendue en 1868. Outre ses taches à la ferme, Johannes Albertus était également membre de l’Assemblée Législative de la Colonie du Cap, le parlement de la colonie du Cap de Bonne Espérance. Il faisait partie du cabinet et travaillait en tant que ministre des affaires autochtones. Au total, il resta membre de l’Assemblée Législative pendant 12 ans de 1891 à 1902. Johannes Albertus Faure épousa Anna Frederika Wilhelmina Brand (1839-1920), sœur de Sir Johannes Henricus Brand (1823-1888), président de l’État Libre d’Orange, ou « Oranje Vrijstaat » en néerlandais. L’État Libre d’Orange était une république souveraine autonome boer en Afrique du Sud pendant la deuxième moitié du 19ème siècle mais fut dissolue après sa défaite et sa capitulation devant l’Empire Britannique à la fin de la Seconde Guerre des Boers en 1902.
Johannes Albertus Faure et Anna eurent cinq enfants : Jacobus Christiaan (1861-1934), Anna Fredrika Wilhelmina (1863-1932), Elizabeth (1865-1944), Wilhelmina Catharina Johanna (1868-1947), et Philippus Albertus Brand (1875-1947). Leur aîné, Jacobus Christiaan, surnommé Kosie (1861-1934) hérita de Vergenoegd et y travailla jusqu’à ses derniers jours. Il cultiva le raisin et éleva du bétail et des chevaux. Beaucoup de ses chevaux fournirent les armées britanniques durant la Seconde Guerre des Boers entre 1899 et 1902. En 1896, à l’âge de 35 ans, Kosie épousa Alice Maud Cawood (1868-1914). Ils eurent deux enfants, Erilda Louisa (1898-1968) et Johannes Albertus (1900-1967). Erilda Louisa épousa William Charles Starke (1894-1988), cultivateur de raisins de la ferme de Muldersvlei à Klapmuts, tandis que son frère Johannes Albertus, surnommé John, hérita de la propriété Vergenoegd. Il y cultiva le raisin et y produit du vin d’excellente qualité qui remporta de nombreux prix. À l’âge de 30 ans, John épousa Elaine Constance Brand (*1906). Ils eurent 3 enfants, Rosalie Ida (*1932), Jacobus Christiaan (*1934) ou « Jac » et Johannes Henricus Brand (1938-2007) surnommé Brand. Les deux frères, Jac et Brand se virent confier le domaine de Vergenoegd et ils perpétuèrent la viniculture et l’œnologie à la ferme avec excellence. Les bons vins produits sur place remportèrent de nombreux prix. Leurs enfants héritèrent de Vergenoegd à parts égales. L’aîné de Jac, Johannes Albertus (*1962) exploita Vergenoegd et perpétua la tradition viticole. Une partie de la ferme fut vendue en 2010 à la ville du Cap pour les Cape Town Film Studios (Studios de Cinéma du Cap). Le reste de Vergenoegd fut vendue au EUROPEAN HERITAGE PROJECT en 2015.
INFORMATIONS PRÉCIEUSES ET CURIEUSES
Après consultation avec des spécialistes dans divers domaines d’expertise, le projet soutient de manière proactive le développement durable et s’engage dans les pratiques d’élevage encourageant la biodiversité en protégeant les zones naturelles, tout en améliorant continuellement l’efficacité énergétique résultant de la conscience que les paysages aussi représentent un patrimoine inestimable pour les cultures locales et régionales.
Coureurs Indiens
Vergenoegd Löw Wine Estate est le seul domaine à utiliser la race des Coureurs Indiens pour leur programme de contrôle de la peste. Les Coureurs Indiens « travaillent » dans les vignobles en mangeant les escargots et autres insectes. La Parade des Canards (marche aller et retour depuis les vignobles) attire désormais un large public au Vergenoegd Löw Wine Estate.
WWF Conservation Champion
Chaque procédé dans la ferme est conçu pour laisser une empreinte aussi infime que possible. Cela commence par le respect de la terre et de toutes les créatures qui y ont élu domicile.
Tous les procédés entrepris à la ferme comme le recyclage, la création de contenants recyclables et biodégradables, l’utilisation de l’énergie solaire, le compostage et l’utilisation de systèmes d’irrigations économes en eau, comme le traitement des plantes sur place entre autres ont été récompensés par l’octroi du prestigieux statut de WWF Conservation Champion et les certifications de biodiversité IPW.
ARCHITECTURE
Construit dans l’ancien style néerlandais du Cap ou plus communément appelé « Cape Dutch », l’architecture rappelle les débuts de l’implantation néerlandaise en Afrique du Sud. De nombreux bâtiments et la structure générale de la ferme ont conservé en grande partie leur caractère d’origine et reflètent la dernière partie « intacte » de ce style en Afrique du Sud. Par conséquent, elle a été classée parmi les premières sur la liste des monuments du pays qui valent la peine d’être conservés.
Vergenoegd et le style Cape Dutch
La cour de ferme de Vergenoegd, encerclée de petits murs d’enceinte créant ainsi un « werf » avec des étendues autour, abrite une propriété avec des pignons impressionnants, remontant sans doute au milieu du 18ème siècle, ainsi qu’un intéressant complexe de dépendances.
Le style Cape Dutch était largement répandu au tout début de la Colonie du Cap au 17ème siècle. Importé au départ par les colons du Cap, en majeure partie des Néerlandais, le style remonte au Moyen-Âge aux Pays-Bas, en Allemagne, en France et en Indonésie. Les maisons construites dans ce style ont un design bien distinct et aisément reconnaissable, avec une grande caractéristique notable, celle de grands pignons ornementaux et arrondis, rappelant les maisons-bandes d’Amsterdam construites dans le style néerlandais. Bien que cette caractéristique soit la plus facilement reconnaissable, ce n’est pas celle qui définit le plus le style utilisé ici. A la fin du 18ème siècle, l’architecture Cape Dutch néoclassique d’influence géorgienne était très en vogue bien que seules trois maisons en fassent aujourd’hui encore la preuve. Les maisons sont en général construites en H, une partie de la maison étant souvent flanquée de deux ailes perpendiculaires. Le style architectural Cape Dutch se définit par les caractéristiques suivantes, dont beaucoup sont présentes à Vergenoegd : des murs blanchis à la chaux, recouverts de chaux, des toits de chaume, de larges fenêtres avec des encadrements en bois pour les cottages, des volets en bois, de longues structures horizontales, habituellement un ou deux étages et souvent des lucarnes.
Du tournant du siècle jusqu’au début du 20ème, les vieilles maisons du Cap avec leur architecture néerlandaise étaient considérées comme résolument passées de mode en raison de l’essor des tendances venues de Grande-Bretagne. Les habitants du Cap souhaitaient être dans l’air du temps et voulaient que leurs maisons reflètent les nouvelles tendances victoriennes. Les distingués pignons furent démontés. Le chaume fut remplacé par de la tôle ondulée et les encadrements de volets par des fenêtres à guillotine. Mais, un certain M. Liebbrandt, conservateur des archives, se sentait préoccupé par cette nouvelle tendance et réussit à convaincre des personnalités influentes à conserver la beauté et le charme de ces maisons en les dessinant, les décrivant et les photographiant. C’est ainsi que le poète et artiste irlandais, Alys Fane Trotter (1828-1907) arpenta peu de temps après les environs des vieilles maisons du Cap, carnet à dessins en main tandis que l’écrivaine sud-africaine Dorothea Ann Fairbridge (1862-1931) écrivit à propos de l’architecture et Arthur Elliot (1870-1938) prit des clichés des illustres bâtiments. C’est avec de tels témoignages qui parlent de l’enthousiasme pour l’architecture patrimoniale Cape Dutch qu’il fut possible de conserver de magnifiques propriétés telles que Vergenoegd.
De nombreux bâtiments Cape Dutch, en particulier au Cap même, ont disparu pour faire place à de nouveaux lotissements, en particulier des gratte-ciels dans le centre-ville aussi appelé « City Bowl » au cours des années 1960. On peut cependant encore admirer la tradition Cape Dutch dans quelques fermes de la route des vins, et le domaine de Vergenoegd en représente ici un parfait exemple, ainsi que dans les villes historiques telles que Stellenbosch.
Une caractéristique de l’architecture coloniale sud-africaine est l’usage passionné et répété des pignons. D’anciennes recherches ont souvent tenté de justifier le terme même de « Cape-Dutch » juste en comparant la forme décorative de ces pignons à ceux d’Amsterdam. C’est cependant pendant la deuxième moitié du 18ème siècle, période durant laquelle la tradition même des pignons se développe vraiment, que l’architecture des pignons cessa peu à peu d’être utilisée à Amsterdam. Au nord d’Amsterdam, le long de la rivière Zaan, les pignons demeurèrent toutefois très répandus jusqu’à la conquête du Cap. Les pignons sud-africains ont beaucoup de caractéristiques communes avec ceux que l’on retrouve le long de la rivière Zaan, bien que l’on ait utilisé des matériaux différents. Mais le style architectural Cape Dutch, ou style afrikaner est clairement différent du style de la renaissance architecturale locale, aussi appelée « Cape Dutch Revival » qui a gagné en popularité en tant que style autochtone sud-africain au cours du 19ème siècle. Contrairement à l’architecture Cape Dutch, le style Cape Dutch Revival se caractérise presque uniquement par ses pignons ornementaux. Néanmoins, la popularité croissante du style architectural Cape Dutch Revival a fait renaître l’intérêt pour l’architecture Cape Dutch initiale. C’est ainsi que de nombreux bâtiments de style Cape Dutch furent restaurés durant cette période.
Jan Brandes et ses panoramas de Vergenoegd
Le voyageur et artiste néerlandais Jan Brandes (1743-1808) passa un an à Vergenoegd. Au cours de son séjour, il peignit trois panoramas de la ferme en aquarelles. Sur l’une d’entre elles on peut voir la ferme. Elles sont jugées être des représentations fidèles et sont aujourd’hui disponibles en haute résolution numérique au musée Rijksmuseum d’Amsterdam. Elles se sont avérées être une source précieuse d’informations puisqu’elles représentent la propriété telle qu’elle était aux environs de 1786. Il est rare de trouver de tels détails graphiques sur quelque ferme du Cap que ce soit. Bien qu’on n’explique pas certains éléments du panorama en les comparant avec les faits sur le terrain de nos jours, on y trouve des détails très fidèles et aisément vérifiables du cellier, de la cour de ferme, des kraals et même du jardin à la française devant la ferme que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Le panorama permet de confirmer que le domaine de Vergenoegd est bien une des anciennes fermes les mieux conservées du Cap et qu’il peut être classé parmi les patrimoines les plus importants au niveau non pas régional mais national.
La construction de Vergenoegd est une séquence d’événements qui évolua au fil du temps, plutôt que le résultat d’un seul et unique évènement. Le plus intriguant reste le devant de la maison et ses cloisons intérieures qui démontrent un fort niveau de cohérence et de symétrie qui font penser que la construction s’est faite d’un tenant. L’arrière de la maison quant à lui est extrêmement incohérent et asymétrique, ce qui prête à penser que cette partie aurait été construite sur une phase prolongée d’expansion organisée s’étalant sur une période de 200 ans.
Le fait que la maison soit si fortement structurée montre qu’il ne sera pas possible de restaurer la maison « telle qu’elle était autrefois » ou à une période en particulier sans détruire sa structure si spécifique. Presque tous les murs provenant du 19ème siècle disposent de peintures murales indigènes ce qui représente une richesse extraordinaire en soi. Certaines d’entre elles furent révélées au grand jour et restaurées à quelques endroits limités mais la plupart d’entre elles dorment sans doute encore sous une épaisse couche de peinture sur les murs.
La cour de ferme
On ignore encore quand la cour de ferme, ou maison principale fut construite bien que le pignon porte la date 1773. La date sur le pignon pourrait tout aussi bien être 1713, mais selon l’état de connaissances historico-architecturales actuelles, il semble être excessivement ancien pour un pignon du Cap. Cependant, il est clair que la ferme était déjà bien grande à cette époque. On indique également que le pignon aurait pu être monté sur un bâtiment déjà existant. Une analyse du pignon depuis l’intérieur dans le « zolder », ou grenier, montre que les pignons « holbol » décorant la maison sont étonnamment intactes. En outre, il est également tout à fait vraisemblable que le pignon frontal n’ait jamais subi de modification. Le pignon frontal est fait de briques artisanales aux formes irrégulières et semble n’avoir été modifié que là où les poutres du toit ont été insérées. La façade avant de la maison sur laquelle le pignon plus léger en brique est construit impressionne de par son épaisseur de 525 centimètres qui pourrait également indiquer qu’on on utilisa la pierre dans la structure du bâtiment. Trouver des éléments aussi intacts est chose très rare puisque dans beaucoup de bâtiments de ce genre, des incendies et des dégâts dus à l’environnement et aux intempéries ont souvent provoqué l’effondrement impliquant une reconstruction partielle si ce n’est totale. Un pignon aussi intact nous permet d’envisager la possibilité que même l’enduit extérieur soit d’origine.
Le complexe principal en lui-même subit de nombreuses phases de changements, la plupart ayant eu lieu au début. Les peintures de Brandes nous montrent qu’il fut au début en forme de T avant de revêtir la forme d’un H incomplet, tel qu’il est aujourd’hui. Des analyses de la surface du toit s’avérèrent là encore primordiales pour déterminer l’ordre dans lequel il fut construit. Étonnamment, le sol en bois jaune et pin du « zolder » est intact de bout en bout, à tel point que le recouvrement ignifuge en argile du T est toujours en place par endroits. Le sol du zolder9 dans la zone T, comparé à celui de l’avant de la maison est à une hauteur légèrement différente mais il est intéressant de remarquer que l’arrière du T fut construit de façon légèrement décentrée, ce qui semble plutôt étrange si l’on considère que l’avant et l’arrière auraient été construits en même temps. Cela indiquerait une évolution organisée dans les premières phases de la construction, plutôt que le choix délibéré d’un plan symétrique.
L’avant de la maison, ou Langhuis
L’élévation à l’avant de la maison représente une forme typiquement symétrique avec un pignon « holbol » centré, des pignons aux extrémités, un « voorkamer », un couloir avec des pièces de chaque côté. C’est un agencement typique de la région du Cap, hormis le fait que le « voorkamer » ait été réduit au point de devenir tout juste un passage en poussant le mur latéral ouest d’un demi mètre. Il s’agit là sans doute d’une modification très ancienne. La forme du pignon avant est reproduite sur les pignons est et ouest, avec un accès au « zolder » par un escalier dans le pignon ouest. Son apparence bien que certains matériaux aient été renouvelés, est similaire sinon identique aux représentations de Brandes indiquant donc que les parties avant avaient déjà cette forme au plus tard en 1786. Un changement dans le fenestrage put avoir eu lieu vers le milieu du 19ème siècle, mais les ouvertures demeurent comme dépeintes jadis par Brandes.
Une hypothèse demeure cependant quant à l’avant de la maison qui aurait pu faire partie de la structure d’origine et revêtir une simple forme rectangulaire. Une partie des murs ouverts à des fins de présentation montre que l’intérieur du mur était construit en calcrète et en mortier de chaux, ce qui nous donne une claire indication que les pignons construits en briques artisanales légères furent ajoutés à la structure du bâtiment. La faiblesse inhérente due à l’irrégularité de la pierre brute ou semi-finie, lorsqu’elles sont utilisées pour la construction de murs, était compensée par la construction de structures très épaisses. La partie plus ancienne de la maison, qui fut sans doute construite en pierre, se caractérise par l’épaisseur des murs allant de 52 à 60 centimètres. Comme suggéré par des analyses antérieures, les pignons furent construits ultérieurement, soit en 1713, ou plus vraisemblablement en 1773.
La structure arrière en T, ou Agterkamer
L’arrière du T, appelé agterkamer en afrikaans est composé d’une deuxième salle de réception, d’une « salle de conseil », d’un couloir et de ce qui est aujourd’hui l’annexe de la cuisine. Ces pièces sont toutes surmontées d’un toit commun et d’un plafond en bois jaune et sans doute de planches en bois de pin. Le plafond de la salle de conseil dispose d’un plafond installé ultérieurement par en-dessous. La partition de l’arrière du T en un couloir, une salle de conseil et le cellier de la cuisine peut être datée à une époque juste après 1806 lorsque l’influence britannique commença à imprégner l’architecture autochtone. La présence des peintures murales dans la salle de conseil indique que ces changements eurent lieu dans la première moitié du 19ème siècle. Si l’on en croit les peintures de Brandes, la cheminée et la cuisine se trouvaient à l’arrière du T. Ordinairement, c’est là que l’on trouvait le « kombuis », un poêle rocket traditionnel du Cap. Tout laisse à penser qu’il fut démoli il y a fort longtemps et que le T fut alors élargi de quelques mètres vers l’arrière et qu’une porte arrière centrale fut ensuite ajoutée mais condamnée depuis au profit d’une fenêtre. L’élargissement de l’arrière de la pièce est évident si l’on regarde les murs de chaque côté du « zolder » où la forme et la texture des murs sont visibles.
Il est vraisemblable mais non vérifié qu’il s’agisse là d’un changement précoce dans l’histoire du bâtiment vers la forme en T mais qui ne faisait partie de sa configuration d’origine. Malheureusement, le couloir qui traversait la maison à l’époque britannique anéantit la preuve archéologique en surface puisque la connexion entre les murs d’origine et le « agterkamer » fut démolie. Dans l’idéal, il faudrait éliminer le plâtre pour déterminer si le matériau fut mélangé ou bien appliqué. La différence de niveau dans le toit tend à indiquer des phases de construction distinctes.
La forme partielle en H
La reconfiguration de la maison en forme de H partielle date de fin 18ème, début 19ème, comme c’était la mode pendant la période d’architecture autochtone tardive. Le fait qu’elle fut ajoutée à la forme précédente en T se reconnait une fois de plus sur la surface de la toiture où l’on reconnait une différence d’élévation entre le « agterkamer » et l’aile supplémentaire. La construction du toit en voûte au-dessus de ce qui aurait pu être un interstice à l’extérieur entre la maison d’origine et l’extension construite ultérieurement ne peut être datée précisément mais fut sans doute effectuée dans la deuxième moitié du 19ème siècle, peut-être à l’époque où le « agterkamer » fut transformé en salle de conseil, cellier et couloir. La porte qui menait au « agterkamer » dut être condamnée à la même époque. Il est important de noter que la pièce la plus au sud de l’extension indique les signes d’un accès au plafond, peut-être un escalier intérieur.
L‘Afdak côté cuisine
Une des aquarelles de Brandes montre qu’aucune structure n’était construite dans cette partie de la maison en 1786, à part un petit appentis. Des photos ultérieures prises par Arthur Elliot à la fin du 19ème siècle montrent que les structures construites le long de « l’agterkammer » avait pris la forme d’un « afdakke », une annexe style abri surmontée d’un toit plat.
Un schéma du bâtiment tel qu’il était à l’époque, fait par l’architecte John Rennie et datant de 1987 se démarque nettement en ce qui concerne l’agencement du restaurant tel qu’il est aujourd’hui car il montre que de vastes changements furent entrepris dans cette partie de la maison. Pléthore de cloisons intérieures furent démolies pour créer une salle de restaurant. Pendant la phase de travaux qui eut lieu entre 1987 et 2001, une cheminée fut également construite et le côté cuisine agrandi vers le « werf » à l’arrière qui nécessita la réfection de la toiture et la création de nouvelles ouvertures. Les travaux effectués dans le respect du style du reste de la propriété consistaient en majeure partie en une réfection complète du sol au plafond. Le seul mur encore existant est un appentis antérieur qui fut construit sans doute au 19ème siècle et avait été percé à trois endroits avant la dernière série de modifications. Ces ouvertures furent condamnées par la même occasion, puis on inséra des arcs pour réunir les deux côtés de la salle à manger, conservant par là-même deux placards à leur place. Cette partie est l’ajout le plus récent et le plus important effectué au 20ème siècle dans ce site au patrimoine historique sinon dans l’ensemble bien conservé.
ÉTAT STRUCTUREL AU MOMENT DE L’ACQUISITION ET MESURES PRISES
Au moment de l’acquisition, les bâtiments de la ferme étaient dans un état de délabrement général et nécessitaient une rénovation complète. On employa un ingénieur de structure pour analyser les bâtiments et informer des besoins à court, moyen et long terme ainsi que de leur stabilité structurelle.
Fondations
Il est fort probable que les bâtiments n’aient pas de fondations mais qu’ils soient juste construits sur une fine couche de pierres. Ceci impacte la planification de futurs ajouts et peut nécessiter un soutènement. Cela sera étudié au cas par cas.
Murs
Les murs furent construits en utilisant un mélange de pierres, de briques en argile cuite et crue et de terre. Comme le veut la tradition pour les bâtiments du Cap, les murs sont ensuite enduits à la chaux qui est un enduit respirant nécessitant un entretien annuel. Comme l’entretien fut négligé par le passé, les murs étaient dans un état de délabrement avancé avec des morceaux de plâtre instables et décrépits et de nombreuses fissures. Il s’avéra que les fissures dans la propriété, les granges, les anciens quartiers à esclaves et le cottage ne présentaient pas encore de défaut structurel mais pourraient être réparés pour éviter davantage d’infiltrations impliquant des dommages dans les murs. Au cellier, de nombreuses fissures nécessitant plus d’attention furent dénombrées.
Toits
Le toit en chaume de la propriété (maison principale) était dans un piètre état bien qu’il fût l’objet de quelques réparations et d’entretien mineur au cours des dernières années. La structure en bois soutenant le chaume est conçue pour porter de grands segments de bois bien qu’on remarquât des dommages dus aux nuisibles nécessitant une analyse plus approfondie. Une partie du toit au-dessus du « Agterkamer » présente une pente moins accentuée que l’idéal des 45° standards pour le chaume, ce qui devrait nécessiter de se pencher plus avant sur le problème dans les plans à long terme pour remplacer le chaume et rénover la structure du toit.
Le toit en chaume de la vieille grange était dans un état critique avec de larges segments déjà percés, à ciel ouvert. Le remplacement de tout le toit était donc urgent afin d’enrailler la détérioration des murs et des sols qui avaient été exposés aux éléments et avaient verdi sous l’effet de la mousse et de la décomposition. De nombreuses traverses au-dessus des portes et des fenêtres étaient fortement pourries, montrant les signes d’une invasion de parasites et une grande partie des plâtres, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur était en train de se fissurer et de tomber. Malgré tout, les murs furent jugés stables structurellement. On a remplacé tout le toit en chaume en 2016.
Le toit du cellier était également dans un état de délabrement avancé, la toiture et sa structure représentant le plus gros du travail. Les faux-plafond décoratifs nécessitaient d’être changés dans tout le bâtiment et en raison des parties du toit recouvertes d’amiante, tout travail sur les toits implique un danger pour la santé et nécessite un savoir-faire spécialisé.
Utilisation
Outre le besoin de travaux d’entretien et de travaux sur la structure, il fallait repenser toutes les mesures d’hygiène et de sécurité afin de répondre aux normes internationales. En outre, un gros investissement pour l’infrastructure était nécessaire pour permettre à la ferme de devenir une destination touristique dans la mesure d’accueillir du public en plus d’une exploitation viticole pérenne. Cela comprenait la rénovation des installations électriques et des canalisations d’eau propre et d’eaux usées. On nota également que la configuration du cellier était trop petite pour y accueillir une exploitation viticole professionnelle à caractère international.
Lorsque le European Heritage Project reprit les rênes de Vergenoegd en 2015, on entreprit une analyse de tous les indicateurs pertinents de patrimoine. En collaboration avec des experts en patrimoine, des architectes du patrimoine et grâce à une communication ininterrompue avec le bureau du Patrimoine du Cap Occidental, un programme de développement du patrimoine architectural fut mis sur pied.
Le but de ce programme de développement était de permettre que tous les lieux où se trouvait une richesse patrimoniale et ses environs seraient pris en considération pour s’assurer que tout impact sur ce patrimoine serait minimisé. Selon les exigences du bureau du Patrimoine du Cap Occidental, un des principes clés dans l’approche de restauration et protection à Vergenoegd est le concept de « changement au fil du temps » dans le sens où l’évolution de la ferme est respectée et incluse plutôt que de retirer tout nouvel ajout récent et de restituer l’aspect d’une époque en particulier. On considère ainsi ajouter une incroyable richesse au patrimoine dans lequel l’histoire de la ferme est évidente et visible dans ses structures.
Le programme met en place des domaines de développement qui tournent autour du cœur historique de la ferme. Chaque domaine de développement dispose d’une série de contraintes qui l’accompagnent, telles que hauteurs, reculs, forme recommandée pour le bâtiment, articulation et fragmentation. Il y a trois grandes catégories de développement : « l’enceinte protégée de Vergenoegd » dans laquelle les contrôles sont le plus contraignants, « les domaines de développement du paysage » dans lesquels un nombre très restreint d’ajouts en dur sont autorisés tels que murs d’enceinte « werf » et autres petits éléments de bâtiments et enfin les « domaines de développement de bâtiment » dans lesquels les bâtiments avec contrôles et reculs spécifiques sont autorisés.
On observe une certaine pression des promoteurs sur toutes les propriétés alentour et des terres agricoles avoisinantes ont même subi un changement d’affectation ou de zonage ces dernières années. Le but de ce projet est donc de créer une enceinte bien définie, exceptionnelle et conçue avec finesse pour mettre en valeur et restaurer cette ferme importante historiquement. La revitalisation de la ferme inclura la redéfinition des espaces inclus dans le « werf » à l’intérieur même de l’enceinte. Elle inclura également la restauration des bâtiments historiques sur le site patrimonial de la province, donc la propriété, les écuries et la grange ainsi que les anciens quartiers à esclaves et le « cottage ». Et finalement elle inclura une modernisation d’autres aspects historiques qui ne tombent pas dans le domaine de compétences du site patrimonial de la province comme par exemple l’établissement viticole afin d’y accueillir de nouvelles activités.
Toutes les mesures de conservation et d’amélioration des structures ont pu être entièrement achevées. Enfin, en 2024, les travaux dans les espaces de restauration et d’accueil ont pu être achevés.
Restauration (viticulture)
Vergenoegd Löw Estate est idéalement situé entre les Montagnes de la Table à l’ouest et la chaîne Hottentots-Holland à l’est et entre la Baie False au sud et Stellenbosch au nord. Le climat méditerranéen frais, amenant des brises marines dominantes depuis Baie False fait de Vergenoegd Löw l’endroit idéal pour la production viticole.
Pour moderniser les installations de production et aider l’exploitation à atteindre un niveau de qualité notoire et la reconnaissance internationale, on fit des investissements considérables dans les installations de production :
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Lorsque Livia Winery racheta Vergenoegd en 2015, la plupart des équipements dans le cellier étaient extrêmement vieux et hors d’usage. On acheta un agrappoir de calibre international, ainsi que des pompes, des filtres pour l’exploitation viticole et des camions et tracteurs pour la ferme.
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Installation d’un nouveau système d’irrigation en goutte à goutte dans les vignobles pour une surface de 38 hectares.
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Les réservoirs étaient limités à 17 vieux réservoirs en ciment, deux en acier et 5 en fibre de verre. Avec l’ajout de 39 réservoirs en acier (soit une capacité supplémentaire 370.000 litres) et 4 nouveaux réservoirs de fermentation (soit 40.000 litres de capacité), l’exploitation viticole est désormais en mesure d’agir plus librement quant à sa production et son programme de mise en bouteille puisqu’elle peut garder plus qu’un seul ancien réservoir.
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Pour moderniser la futaille, on acheta de nouvelles barriques en chêne français, une pratique que l’on répète désormais chaque année.
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Comme les dernières plantations de vignes remontaient à 2003, l’âge moyen des plantes commençait à atteindre ses limites. C’est pourquoi en 2017, 5 hectares de raisin blanc ont été plantés pour lancer la production de vins blancs. On envisage de planter au moins 20 hectares de vignes pour faire des vins rouges dans les deux ans à venir ainsi que de remplacer les anciens vignobles si nécessaire.
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Pour continuer à améliorer la qualité des raisins en se concentrant sur la viticulture de précision (station météo, pratiques d’élagage spécialisée, etc…).
Style de vin
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Tandis que l’on vendangeait des parcelles entières de vignobles systématiquement, les pratiques changèrent en 2016, lorsque l’on commença à vendanger selon le degré de maturité et le type de vin désiré.
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Pour éliminer le style de vins anciens mais prédominants du Cap, soit des vins sérieux, classiques et très vieux continent avec un maximum d’extraction qui nécessitaient de prendre de l’âge pendant plusieurs années et qui ne correspondaient plus aux goûts des amateurs de vins plus jeunes, on opte désormais pour plusieurs styles de vins pour atteindre un public plus large.
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Le tout premier vin blanc (« blanc de noir ») fut produit avec des raisins noirs en 2018 et grâce à une campagne marketing très ciblée, il marque le début d’une nouvelle ère de percée commerciale pour la propriété.
La philosophie viticole est de créer des vins au caractère unique, des vins bien équilibrés, élégants et complexes. Le profil du sol exceptionnel de la propriété, sans doute d’origine marine, ainsi que les brises marines dominantes venant de la côte de la Baie False donnent à Vergenoegd le terroir parfait pour atteindre ce degré d’excellence.
UTILISATION ACTUELLE ET PLAMS FUTURES
Vergenoegd Löw est aujourd’hui une destination appréciée des touristes, mais aussi de la population locale. En tant que domaine viticole, il a réussi à renouer avec la qualité et la réputation d’antan.
Exploitation viticole
Au cours de la planification et de la réalisation des travaux de rénovation extensive, la viticulture a été analysée en profondeur. Les surfaces de vignoble ont été augmentées et la cave a été entièrement rénovée. Les capacités de stockage ont été augmentées à 150.000 litres, auxquels s’ajoute le stock de bouteilles.
De nouvelles structures de distribution vers l’Asie, notamment la Chine, et l’Europe ont été créées. L’image du domaine vers l’extérieur a été revue. Afin de donner également au domaine un visage vers l’extérieur, synonyme de qualité et de fiabilité, le nom a été élargi. Sous la marque « Vergenoegd Löw », un nouveau chapitre de l’histoire de plus de 300 ans du domaine doit maintenant commencer. Les valeurs clés de la production et de la présentation des vins sont désormais la DURABILITÉ, le PATRIMOINE CULTUREL, les HOMMES et les VINS PRIX. Sur cette base économique, un avenir prometteur s’ouvre, qui continuera à répondre aux besoins de conservation continue de ce joyau architectural du Western Cap.
Restaurants
Trois espaces de restauration ont été aménagés dans le cadre de la rénovation.
Dans le « Clara’s Barn », un restaurant gastronomique a pu être ouvert, qui compte tout de même parmi les 30 meilleurs restaurants d’Afrique du Sud.
Le « Deli » propose des gourmandises à des prix raisonnables dans le jardin de Manor House. Des paniers pique-nique gourmands y sont également distribués.
Dans le pressoir se trouvent des espaces gastronomiques confortables pour des dégustations de vin.
Hospitality
Plusieurs possibilités d’hébergement pour les hôtes ont été créées sur le site du domaine. Pour ce faire, on a renoncé à construire un complexe hôtelier compact, mais on a opté pour une stratégie décentralisée de petits bâtiments autonomes qui s’intègrent discrètement dans le paysage. De là, il est possible d’admirer l’exploitation du domaine viticole, les activités environnementales, les zones de protection de la nature avec leur riche flore et faune ainsi que les installations gastronomiques. L’établissement hôtelier a ouvert ses portes en 2023 et se classe, avec ses cinq étoiles, parmi les meilleurs hôtels d’Afrique du Sud.
Art
Pour l’accompagnement artistique de l’ensemble du projet, il a été possible de faire appel à l’artiste de classe mondiale Dylan Lewis. De nombreuses grandes sculptures peuvent être découvertes sur un sentier artistique dédié et complètent l’impression générale de la ferme.
Invités